Nouvelle Unité de Fécondation In Vitro et andrologie
Les Cliniques universitaires Saint-Luc disposent d’une nouvelle Unité de Fécondation In Vitro. Rassemblant toute la prise en charge en procréation médicalement assistée sur un même plateau, cette infrastructure dispose de technologies à la pointe pour garantir une qualité des soins optimale. L’environnement de l’Unité met également spécifiquement l’accent sur le bien-être des couples afin de réduire au maximum le stress vécu par les patients lors des traitements.
Technologies et bien-être sur une même plateforme
Depuis plusieurs années, de nombreuses études ont mis en évidence une baisse significative de la fertilité, tant masculine que féminine, au niveau mondial. La pollution environnementale, les pesticides présents sur les produits de consommation, les packagings contenant des perturbateurs endocriniens, les radiations à haute fréquence, voire les ondes électromagnétiques peuvent en effet impacter négativement le système de reproduction. À côté de cela, certaines habitudes de vie influent aussi sur l’infertilité : par exemple, consommation d’alcool, de tabac, de cannabis, etc.
Au vu de ce contexte, les centres de procréation médicalement assistée (PMA) jouent un rôle majeur pour venir en aide aux couples infertiles. L’ouverture de la nouvelle Unité de FIV et d’andrologie aux Cliniques universitaires Saint-Luc s’inscrit dans ces préoccupations de fournir des soins de haute qualité aux patients tout en tenant compte de leur bien-être.
Tous les services de la PMA sur un même plateau
Le Service de gynécologie et d’andrologie des Cliniques Saint-Luc bénéficie d’une nouvelle Unité de PMA. Centrée sur une qualité de soins optimale, cette plateforme présente l’avantage de rassembler tous les services associés à la PMA sur un même plateau tant pour traiter l’infertilité féminine que masculine.
La structure comprend plus précisément une unité d’hospitalisation avec des chambres, plusieurs locaux dédiés au don de sperme, une salle opératoire pour les ponctions d’ovocytes et les prélèvements de spermatozoïdes par biopsie testiculaire, une autre salle opératoire pour les transferts d’embryon. Les salles opératoires disposent d’une connexion directe avec des salles blanches (laboratoires) équipées en fonction des dernières connaissances technologiques et une banque de cellules et de tissus dans laquelle sont conservés ovocytes, tissus ovariens, spermatozoïdes, tissus testiculaires pré-pubères et embryons.
La plateforme comprend une équipe pluridisciplinaire qui s’articule autour des patients. En lien direct avec l’Institut de Recherche expérimentale et clinique (IREC) de l’UCLouvain, l’Unité mène de nombreuses recherches translationnelles destinées à l’amélioration continue des soins.
Le bien-être en réponse au stress des patients
L’environnement de la nouvelle Unité de FIV met avant tout l’accent sur le bien-être. Un bien-être qui répond au stress souvent rencontré durant les traitements chez les couples en demande d’enfant. Certains ont en effet déjà un long parcours derrière eux avec plusieurs tentatives et échecs. Par ailleurs, en tant que centre expert en reproduction féminine et masculine, l’Unité de PMA de Saint-Luc prend en charge des cas souvent complexes.
L’environnement de l’unité a dès lors été pensé pour répondre à ce stress. Cela se traduit par des espaces aérés, des couleurs adaptées, un éclairage tamisé, l’utilisation de musique pour certaines interventions. Les salles de don de sperme présentent notamment des thèmes variés afin de répondre au profil des patients (adultes en vue d’une PMA ou adolescents en vue d’une préservation de la fertilité).
Outre l’environnement, toute la prise en charge est orientée vers le bien-être. Cela se traduit notamment par la formation de l’équipe médicale et soignante à la communication thérapeutique, à l’hypnose ainsi qu’à certains protocoles de recherche utilisant la réalité virtuelle pour la détente des patientes.
La nouvelle unité de FIV en chiffres :
- Surface de 1200 m² (hors salles blanches situées dans la tour des laboratoires des Cliniques pour la conservation des tissus gonadiques, ovariens et testiculaires pré-pubères)
- 5 chambres d’hospitalisation de jour
- 4 salles de dons de sperme
- 2 salles opératoires entièrement dédiées à l’activité de FIV et d’andrologie
- 1 salle blanche entièrement dédiée à l’activité de FIV et connectée avec les salles opératoires
- Tous les ans, l’Unité de FIV réalise près de 4.000 actes (ponctions d’ovocytes, inséminations intra-utérines, transferts d’embryons, prélèvements testiculaires ou épididymaires)
- Personnel : 5 médecins, 13 soignants et accueillants, 15 biologistes, l’équipe d’anesthésie, 5 secrétaires
Préservation de la fertilité pour raisons médicales et « social freezing »
Le Service de gynécologie et d’andrologie des Cliniques universitaires Saint-Luc propose plusieurs protocoles en vue de préserver la fertilité des patients. Cette préservation peut être justifiée par des raisons médicales. Si les traitements cancéreux permettent de sauver de nombreuses vies, ils n’en comportent pas moins des effets secondaires. La chimiothérapie et la radiothérapie sont en effet « gonadotoxiques » : elles altèrent les gonades (les ovaires et les testicules) en même temps que les cellules cancéreuses et peuvent compromettre les chances des patient(e)s d’avoir des enfants un jour. À côté de cela, certaines maladies comme l’endométriose et son traitement risquent d’entrainer une réduction de la réserve ovarienne et ainsi compromettre la fertilité de la patiente.
Concrètement, des spermatozoïdes, des ovocytes ou des tissus gonadiques sont prélevés chez les patient(e)s afin de les cryopréserver avant le début des traitements. Par la suite, les patients pourront utiliser, si besoin, ces prélèvements conservés dans le cadre de leur désir d’enfant.
La technique de réimplantation de fragments ovariens après rémission complète de la pathologie permet une restauration de la fonction ovarienne chez 93% des patientes dans un délai de 4 à 5 mois après transplantation et un taux de grossesse de 29 %.
Préserver la fertilité chez les enfants
Peu de centres étendent la préservation de la fertilité aux enfants qui s’apprêtent à subir des traitements gonadotoxiques. C’est le cas de Saint-Luc qui réalise des prélèvements de fragment de testicule ou d’ovaire chez les enfants pré-pubères. Cette option est proposée systématiquement à tout enfant devant être traité pour un cancer ou d’autres maladies non cancéreuses dont la prise en charge risque aussi d’altérer les gonades. Lorsque le patient est en rémission, le tissu cryopréservé pourra être décongelé et, théoriquement, utilisé afin de restaurer la fertilité.
Des recherches pour utiliser le tissu testiculaire pré-pubère
Les Cliniques universitaires Saint-Luc constituent un centre pilote dans le cadre de la préservation du tissu testiculaire pré-pubère. Comme il n’y a pas de production de spermatozoïdes avant la puberté, seules des cellules-souches du testicule sont préservées après biopsie testiculaire réalisée en salle opératoire puis congelées selon un protocole spécifique.
Actuellement, il n’existe pas encore de technique pour utiliser le tissu testiculaire pré-pubère humain. Les recherches effectuées chez l’animal sont toutefois encourageantes sachant que tout récemment (2019) une équipe de recherche américaine est parvenu à restaurer la fertilité après réimplantation de tissu testiculaire pré-pubère chez le singe.
Plusieurs recherches menées à Saint-Luc explorent plusieurs directions :
- Développement des techniques de transplantation des tissus testiculaires pré-pubères
- Développement de techniques pour rendre mature le tissu in vitro afin d’obtenir des spermatozoïdes à partir des cellules-souches. Une équipe de Saint-Luc a pu obtenir des cellules haploïdes. Il s’agit d’une reproduction du processus de spermatogenèse jusqu’à un stade de maturation encore jamais atteint à partir de tissu humain. C’est une première mondiale.
- Création d’un testicule artificiel et réincorporation des cellules-souches prélevées dans le tissu testiculaire pré-pubère. Des chercheurs des Cliniques Saint-Luc ont déjà réussi à recréer une matrice transplantable à partir de matériel porcin.
Le social freezing
Chez la femme, la préservation d’ovocytes peut également se faire pour raisons non-médicales. C’est ce qu’on appelle le « social freezing » et qui est actuellement accessible aux Cliniques universitaires Saint-Luc. Contrairement à l’homme qui produira du sperme tout au long de sa vie, la femme dispose d’un capital d’ovocytes limités à la naissance ; ce capital s’épuise tout au long de la vie et l’ovaire produira des ovules de moindre qualité avec l’âge.
Il s’agit donc de donner l’opportunité aux patientes de différer dans le temps l’usage de leurs ovocytes pour convenances personnelles (carrière professionnelle, absence de partenaire, etc.). Les ovocytes prélevés seront donc congelés en attendant le moment idéal pour ces personnes.
PMA, couple et sexualité
S’ils apportent indéniablement un bénéfice chez les personnes en attente d’enfant, les traitements associés à la procréation médicalement assistée (PMA) peuvent également entrainer un impact négatif. En effet, la littérature médicale a déjà mis en évidence des risques plus élevés de souffrir d’altération de la vie sexuelle chez les patients engagés dans un cycle de PMA. Cela s’explique notamment par différents effets induits par ces traitements : instrumentalisation des corps, altération de l’identité sexuelle, intrusion du corps médical dans l’intimité des patients, focalisation sur la fonction reproductive du rapport sexuel, effets physiques dus aux traitements, fausses croyances développées par les patientes, augmentation du niveau de stress et d’anxiété.
Toutefois, il est très difficile de mesurer avec exactitude l’impact réel de la PMA sur la sexualité. Hors PMA, l’altération de la vie sexuelle dans la population générale est en effet déjà considérable : 40% des femmes et 30% des hommes seront confrontés à une dysfonction sexuelle dans leur vie. « En outre, le simple fait d’arrêter sa contraception peut déjà avoir des conséquences négatives sur la sexualité des couples, tout comme le temps d’attente avant d’entrer dans un processus de PMA », explique le Dr Nathalie Michaux, gynécologue et sexologue au Service de gynécologique du CHU UCL Namur – Site de Godinne
Les Cliniques universitaires Saint-Luc participent à une recherche multicentrique initiée par l’UCLouvain et le CHU UCL Namur, en collaboration avec l’Université de Genève, afin de mesurer l’impact réel de la PMA sur la vie conjugale et sexuelle des patient(e)s.
Une étude quantitative et qualitative
Concrètement, l’étude analyse un échantillon de 250 femmes et de 250 hommes suivis dans les centres PMA de Mont-Godinne et de Saint-Luc. Les patients sont invités à répondre à plusieurs questionnaires avant les traitements de PMA, puis durant la prise en charge (2, 6 et 12 mois après le début de la prise en charge). Les questionnaires portent sur la satisfaction conjugale, le fonctionnement sexuel féminin ou masculin, la détresse sexuelle mais aussi le niveau de trait perfectionniste et les compétences émotionnelles afin, dans un second temps, d’éventuellement dresser un profil de patient(e)s dont la santé sexuelle serait d’avantage impactée par la PMA. Il s’agit du volet quantitatif de la recherche.
Le volet qualitatif de l’étude consiste en une série d’entretiens avec 100 hommes et femmes ayant répondu préalablement aux questionnaires. L’objectif est d’évaluer la prévalence des dysfonctions sexuelles avant la PMA.
Vers une prise en charge adaptée dans les centres de PMA
À terme, les résultats de cette recherche pourraient sensibiliser les prestataires de soins à une meilleure intégration de la santé sexuelle de leurs patients dans leur prise en charge, notamment via une communication thérapeutique adaptée, une ouverture au dialogue... Autre objectif attendu : sensibiliser les autorités sur l’importance d’intégrer un sexologue dans les centres PMA. Enfin, les réflexions liées à l’étude pourraient aider à identifier un profil de patient plus à risque de souffrir de troubles conjugaux ou sexologiques et comprendre davantage comment les aider.
Fécondation in vitro et bien-être
Les problèmes d’infertilité induisent généralement un état d’anxiété et un stress considérables chez les patients en attente d’un enfant. Ces derniers ont parfois déjà derrière eux un long parcours constitué de plusieurs tentatives et échecs. En outre, de par leur expertise universitaire, les Cliniques Saint-Luc se voient régulièrement référer des cas complexes.
En parallèle de son nouvel environnement apaisant, l’Unité de FIV et andrologie a mis en place un accompagnement adapté afin de réduire au maximum le stress des patients et d’améliorer leur ressenti durant les traitements. Ce bien-être passe par trois éléments : la communication thérapeutique, l’hypnose et la réalité virtuelle.
Communication thérapeutique
Depuis plusieurs années, les infirmières de l’Unité de FIV sont formées à la communication thérapeutique. Cette communication implique d’employer en permanence un langage bienveillant de manière à améliorer le vécu des patients durant les prises en charge. Les termes susceptibles d’aggraver le stress sont remplacés par d’autres mots plus positifs. « Par exemple, la question "avez-vous mal ?" devient "êtes-vous confortable ?", explique le Pr Pirard. Cela permet de canaliser la personne dans un état de bienveillance. »
Autre versant de cette communication adaptée: l’écoute. « Il s’agit d’être à disposition de leur vécu, pouvoir entendre leurs plaintes et les accompagner. » De manière générale, la littérature médicale a déjà mis en évidence qu’un encadrement orienté vers le bien-être permettait aux patients d’évoluer plus favorablement dans le futur.
Hypnose thérapeutique
Continuité logique de la communication thérapeutique, l’hypnose fait également partie intégrante du paysage de l’Unité de FIV et andrologie. La plupart des infirmières, des anesthésistes et des médecins l’utilisent en parallèle des techniques plus « classiques » d’anesthésie pour les patientes qui le souhaitent. Elle peut être employée durant certaines opérations, les ponctions d’ovocytes ou les transferts d’embryon. Mais elle peut également prendre place à d’autres moments de la prise en charge de manière tout à fait informelle : par exemple, lors d’une prise de sang ou durant une échographie pour détendre une personne anxieuse.
L’hypnose présente plusieurs avantages : elle permet de diminuer la dose de médicaments anesthésiants et de donner l’occasion à la patiente de mieux s’approprier son cheminement, de puiser dans ses propres ressources et de garder un ressenti positif après la séance.
Si la littérature n’a pas encore démontré une corrélation directe entre l’utilisation de l’hypnose et l’augmentation des grossesses, elle joue néanmoins un rôle considérable pour le confort et le bien-être des patientes durant les traitements.
Réalité virtuelle
Actuellement, le Service de gynécologie et andrologie teste un protocole de réalité virtuelle dans le but d’augmenter les taux de grossesses. Concrètement, les patientes portent un casque de réalité virtuelle 20 minutes avant de rentrer en salle de ponction. Interactif, le casque envoie des informations visuelles et auditives qui évoluent en fonction des mouvements de la patiente. « Le but est de les déconnecter, les isoler dans un environnement positif, qu’elles aient un moment à elles avant l’opération », résume le Pr Pirard.
L’étude analysera les taux de grossesses de 600 patientes ayant bénéficié de cette technique. Actuellement, les premiers résultats indiquent un ressenti très positif chez les personnes juste après le protocole et même après avoir quitté l’unité.