Journée nationale contre l'obésité : une approche pédiatrique originale à Saint-Luc
Journée nationale contre l'obésité : une approche pédiatrique originale à Saint-Luc
De plus en plus de Belges sont touchés par les problèmes de poids. 47% sont en surcharge pondérale et 14 % souffrent d'obésité. Chez les enfants et les adolescents, 10 à 20 % sont concernés. Conscients de ce problème de santé publique, les spécialistes de la Clinique de l'obésité des Cliniques universitaires Saint-Luc (UCL) proposent une approche originale pour les jeunes patients rencontrant des problèmes de poids.
Ğ L'obésité d'origine endocrinienne ou hormonale est rare, annonce d'emblée le Dr Véronique Beauloye, pédiatre endocrinologue et responsable de la Clinique de l'obésité des Cliniques universitaires Saint-Luc. Dans la majorité des cas, c'est plutôt le mode de vie qui doit être mis en cause. La dynamique familiale, l'environnement de l'enfant, la qualité de présence des parents pour leur enfant et les éventuelles difficultés scolaires sont des facteurs susceptibles d'amener à une prise de poids importante. ğ
Des kilos pare-choc
Derrière les kilos se cache généralement beaucoup de souffrance. L'excès pondéral est souvent un symptôme d'une difficulté de l'enfant : les kilos font office de parechoc et manger permet de combler un certain vide. Cette réaction de compensation engendre la première complication de l'excès de poids chez l'enfant : la mauvaise
image de soi.
Ğ Les enfants souffrent de leur excès pondéral et se sentent défavorisés. Très
souvent, même, ils sont rejetés par les autres enfants. Ils risquent alors de se replier
sur eux-mêmes et d'entrer dans un cercle infernal: je suis gros et les autres se
moquent de moi, donc je ne bouge pas; je préfère rester seul et occuper le vide que
je ressens en mangeant, donc je grossis encore, etc. ğ, explique le Dr Beauloye.
Quels sont les risques pour la santé ?
L'obésité chez l'enfant et chez l'adolescent est associée à de nombreuses complications cardio-vasculaires, orthopédiques, psychologiques, respiratoires et métaboliques. Si les premières complications sont plutôt d'ordre psychologique, la maladie conduit également à l'apparition précoce de signes d'athéroscléroses au niveau des artères coronaires et de l'aorte.
L'obésité affecte également la mortalité et la morbidité à l'âge adulte. Le risque d'obésité à l'âge adulte est augmenté chez un enfant obèse, particulièrement si l'obésité est présente à l'adolescence.
L'obésité durant l'adolescence peut également avoir des conséquences socioéconomiques négatives. Les adolescents obèses se marient moins souvent, ont un niveau de scolarité plus faible et des revenus moins élevés.
La prise en charge à Saint-Luc
Une équipe pluridisciplinaire composée d'un pédiatre endocrinologue, d'une diététicienne et d'une psychologue accueille les jeunes ayant des problèmes d'excès de poids et leurs familles. C'est l'occasion de réfléchir ensemble à un projet
personnalisé qui permettra d'obtenir une stabilisation pondérale. Ğ Les termes régime
ou poids idéal ne sont jamais utilisés ğ, souligne le Dr Beauloye. Notre mission est
d'apprendre à l'enfant les bonnes habitudes alimentaires, de l'inciter à bouger
davantage et à réfléchir à ses habitudes de vie. Nous lui conseillons par exemple de
grimper les escaliers au lieu de prendre l'ascenseur, d'aller à l'école à pied, de ranger
sa chambre, de jouer en plein air au lieu de regarder la télé, etc. ğ
De son côté, la diététicienne tente de rétablir un parcours alimentaire équilibré : des
repas pris à heures fixes faisant la part belle aux fruits et aux légumes. L'aspect diététique n'intervient donc pas directement, il est introduit progressivement.
Stabiliser son poids et retrouver confiance en soi sont des défis que l'équipe soignante ne peut relever seule, la famille doit aussi s'impliquer. Ğ C'est une épreuve
difficile qui nécessite beaucoup de soutien de la part de l'entourage ğ, conclut Véronique Beauloye.