Cardiologie pédiatrique : Réparer les coeurs malformés
Réparer les coeurs malformés
Chaque année, en Belgique, 1.200 bébés naissent avec une malformation cardiaque. Heureusement, il est possible de corriger la majorité d'entre elles et de permettre à ces enfants de mener une vie tout à fait normale !
C'est dès la troisième semaine de grossesse, souvent avant même que la maman ne se rende compte qu'elle est enceinte, que le petit coeur du foetus commence déjà à se former. ĞAu début, le coeur n'est qu'un simple tubeğ, explique le Pr Thierry Sluysmans, chef du Service de cardiologie pédiatrique. ĞIl va ensuite progressivement s'enrouler sur lui-même, se cloisonner en différentes cavités et se connecter aux autres organes voisins tels que les poumons.ğ Chez près d'un enfant sur cent, ce processus complexe ne se fait pas correctement et l'enfant naît avec une malformation cardiaque. Dans la moitié des cas, la lésion, minime, n'empêchera pas le coeur de fonctionner normalement. Dans l'autre, il sera indispensable de la Ğréparerğ.
Un accident
de la nature
Comment expliquer ces Ğratésğ
du coeur? ĞChez la plupart des
enfants, il s'agit d'un simple
accident de la natureğ, répond le
Pr Sluysmans. ĞToutefois, dans
certains cas, la malformation cardiaque
accompagne une anomalie
génétique ou chromosomique
comme la trisomie 21.ğ
Si un premier enfant naît avec
une malformation cardiaque,
faut-il craindre que les suivants
en souffrent également? ĞLe
risque est plus élevé (2 à 4% au
lieu de 1%), mais un diagnostic
prénatal est réalisé lors des grossesses
suivantes, pour rassurer
les parents ou, le cas échéant,
s'assurer d'une prise en charge
adéquate.ğ
Un diagnostic
souvent précoce
Les malformations cardiaques
sont de plus en plus souvent
détectées avant la naissance. En
effet, l'anatomie du coeur du bébé
est déjà visible lors de l'échographie
morphologique pratiquée
à la 20e semaine de grossesse.
Si pas, ce sont des signes
caractéristiques qui donneront
l'alarme, généralement lors de
la première année de vie: nourrisson
qui éprouve des diffi cultés
à s'alimenter ou à grossir, enfant
essouffl é à l'effort, etc. Parfois,
certaines pathologies plus discrètes
sont diagnostiquées plus
tard.
Des traitements
de pointe
S'ils étaient autrefois impuissants,
les médecins disposent à présent
de techniques de pointe pour corriger
la plupart des malformations
cardiaques.
Ils ont ainsi recours à la chirurgie
classique, mais aussi au cathétérisme,
une technique qui consiste
à introduire par une veine ou une
artère un petit tuyau qu'on fait
monter vers le coeur et par lequel
on insère de minuscules instruments.
Grâce à ces deux techniques,
les chirurgiens peuvent
colmater des orifices anormaux
ou en créer, dilater des vaisseaux,
etc.
ĞCes opérations font toujours très
peur aux parentsğ, souligne le
Pr Sluysmans. ĞC'est pourquoi
nous essayons de les soutenir et
de les rassurer un maximum. Il
existe bien entendu des risques
mais les cas de décès sont heureusement
rares et limités aux
malformations les plus complexes.
En outre, c'est un passage
obligé, car le risque est bien plus
élevé si on ne fait rien!ğ
Les enfants récupèrent
rapidement de l'opération.
Ils restent généralement
une semaine
à l'hôpital, puis ils
sont revus la semaine
suivante et un mois plus
tard. Ensuite, à part un
contrôle régulier, ils
mènent une vie tout à
fait normale!
Quels types de malformations cardiaques ?
Il existe de très nombreux
types de malformations cardiaques.
Les trois plus courantes
sont:
o des problèmes de communication
(Ğshuntsğ): au lieu
d'être séparés, deux cavités
(ventricules ou oreillettes) ou
vaisseaux sont reliés, ce qui
entraîne un passage anormal
du sang (entre les ventricules,
par exemple);
o les cardiopathies cyanogènes:
à cause d'un obstacle
ou d'anomalies de vaisseaux,
il se produit un mélange de
sang non oxygéné (bleu) avec
du sang oxygéné (rouge),
qui donne à l'enfant un teint
bleuté;
o des anomalies de fonctionnement
des valves: ces
Ğpetites portesğ ne s'ouvrent
ou ne se ferment pas bien,
laissant passer ou stoppant
anormalement la circulation
du sang.
Et à l'âge adulte ?
Depuis 2000, une consultation a été ouverte pour
le suivi des patients devenus adultes. Elle est dirigée
par le Pr Agnès Pasquet, cardiologue, au sein
du Centre des cardiopathologies congénitales de
l'adulte. ĞLes patients sont vus régulièrement afin
de dépister la survenue de complications en lien
avec leur malformation initialeğ, explique-t-elle.
ĞC'est rare pour les cas simples, mais avec des pathologies
plus complexes, certains problèmes, des troubles
du rythme cardiaque, par exemple, peuvent se développer
à long terme. Nous surveillons aussi de très près
nos patientes lorsqu'elles tombent enceintes, car la
grossesse représente une surcharge de travail pour le
coeur.ğ
Plus d'infos / prise de rendez-vous : secrétariat de cardiologie pédiatrique - tél. 02 764 19 20
Article extrait du Saint-Luc Magazine n°28 (décembre 2013 - janvier 2014). L'article est également disponible en pdf via ce lien.