Infirmier perfusionniste : prendre le relais du coeur
Infirmier perfusionniste : prendre le relais du coeur
Prendre le relais du coeur et/ou des poumons de certains patients pendant une opération, tel est le rôle des infirmiers perfusionnistes. Une profession méconnue, mais vitale !
Si on parle souvent des chirurgiens pour leurs prouesses techniques en matière de chirurgie cardiaque, on a tendance à oublier les techniciens de l'ombre, ceux sans qui il ne serait tout simplement pas possible d'arrêter le coeur, le temps de le remplacer ou de le réparer: les infirmiers perfusionnistes.
ĞPour que le chirurgien puisse opérer en toute sécurité, il faut, pendant l'opération, détourner la circulation sanguine du coeur tout en continuant à irriguer le corps du patientğ, explique Dominique Thiry, responsable de l'équipe des infirmiers perfusionnistes à Saint-Luc. ĞC'est ce qu'on appelle la mise en place d'une circulation extracorporelle à l'aide d'une machine coeur-poumon artificielle. C'est là que nous intervenons.ğ
Surveiller les fonctions vitales
Reste que le travail des infirmiers perfusionnistes ne se résume pas à brancher une machine! En collaboration avec l'anesthésiste, ils doivent surveiller les fonctions
vitales du patient pendant toute
l'opération. La tâche est complexe.
ĞNous devons notamment surveiller
les gaz du sang, le pH, l'oxygénation,
la tension artérielle, la
température, etc. Car la santé du
patient dépend de tous ces paramètres.
Par exemple, les besoins
en oxygène des tissus varient en
fonction de la température corporelle.
Il nous faut donc tantôt
augmenter l'oxygénation du sang,
tantôt la diminuer pour que ces
tissus ne soient pas endommagés
au cours de l'intervention. Quant
à la tension, nous devons veiller
à ce qu'elle ne descende pas en
dessous de 50 mm de mercure.ğ
Des yeux dans le dos du chirurgien cardiaque
Non content de se substituer au coeur, l'infirmier perfusionniste surveille également ce dernier pendant toute l'opération.
ĞLorsqu'un chirurgien travaille sur la valve mitrale, par exemple, il doit être concentré sur cette partie du coeurğ, explique Dominique Thiry. ĞNotre rôle est donc de le prévenir
de tout événement anormal - un battement important du coeur, par
exemple - qui peut survenir pendant
l'intervention.ğ C'est finalement avec l'ensemble des professions
présentes dans le bloc opératoire
que l'infirmier perfusionniste
coopère pendant toute l'opération:
l'anesthésiste, le chirurgien et les
infirmiers de salle.
Pas seulement en cardiaque
ĞNotre rôle premier est de
travailler dans le bloc opératoire
de chirurgie cardiaque, mais ce
n'est pas le seul. Nous intervenons
également en chirurgie
digestive, orthopédique, thoracique,
en traumatologie et en
cancérologie. En fait, dès qu'il est
question de sang, qu'il s'agisse
de transfusion, de dérivation ou
encore de thérapie, les infirmiers
perfusionnistes ont un rôle à
jouer. Par ailleurs, ils interviennent
également aux soins
intensifs pour aider les réanimateurs
à mettre en place et à surveiller
les machines d'assistance
cardio-respiratoire.ğ
Une formation spécialisée
N'est pas infirmier perfusionniste qui veut! Pour prétendre à ce poste, il faut, depuis 1994, être
titulaire du diplôme reconnu par la Société Nationale de Perfusion.
Les formations sont dispensées à l'Université de Liège et à la KULeuven.
o La Belgique compte entre 70 et 80 infirmiers perfusionnistes.
o 7 infirmiers perfusionnistes travaillent à Saint-Luc.
La circulation extracorporelle, de quoi s'agit-il ?
o Pour détourner la circulation
sanguine, il faut qu'une machine
prenne le relais du coeur et des
poumons. Celle-ci se compose
de canules (c'est-à-dire de
petits tubes) placées dans les
gros vaisseaux - les artères et
les veines - du patient, d'un
oxygénateur et d'un système de
pompes.
o En pratique, le sang est
pompé dans la machine où il
est directement envoyé vers
l'oxygénateur pour se charger en
oxygène et se débarrasser de son
CO2. Ensuite, il est réinjecté dans
l'organisme via une pompe à sang,
pour qu'il puisse irriguer le reste
du corps comme le ferait le coeur.
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Article rédigé par Elise Dubuisson, extrait du Saint-Luc Magazine n°31 (septembre - novembre 2014).
Photo: Bernard De Keyzer