Quand le coeur bat la chamade
Quand le coeur bat la chamade
La fibrillation auriculaire est un trouble du rythme cardiaque particulièrement fréquent. Parce qu'elle peut être à l'origine de complications graves, il est important de la détecter... et de la traiter.
Notre corps est une machinerie complexe dont le fonctionnement est rythmé par les battements d'un métronome un peu particulier. Ğ Notre coeur est composé de quatre cavités, deux oreillettes et deux ventricules, qui se contractent selon une séquence précise et régulière pour faire circuler le sang dans l'organisme ğ, explique le Pr Christophe Scavée, responsable de l'Unité de rythmologie de Saint-Luc. Ğ Mais chez certaines personnes, les oreillettes peuvent se contracter très rapidement et de manière totalement anarchique.ğ Le coeur s'emballe et c'est la fibrillation auriculaire. Un trouble particulièrement fréquent puisqu'il toucherait 150.000 personnes en Belgique.
Des complications
graves
Ce trouble du rythme cardiaque
peut être à l'origine de complications
redoutables. Ğ En cas de
fibrillation auriculaire, le sang
n'est plus brassé correctement et
stagne dans le coeur, ce qui peut
favoriser la formation de petits
caillots sanguins ğ, précise le
Pr Scavée. Ğ Si ces caillots sortent
du coeur et migrent vers le cerveau,
ils peuvent y boucher une
artère et être à l'origine d'un
accident vasculaire cérébral (AVC),
une cause importante de décès et
de handicap dans notre pays.ğ
Sur les 20.000 AVC recensés
chaque année en Belgique, un
sur cinq serait lié à une fibrillation
auriculaire.
La fibrillation auriculaire peut
aussi, mais plus rarement, déboucher
sur une insuffisance cardiaque,
c'est-à-dire une incapacité
du coeur à pomper correctement
le sang.
Un mal qui passe
souvent inaperçu
Pour éviter le pire, il est donc primordial
de prendre en charge une
fibrillation auriculaire... et donc
de la dépister. Ce qui n'est pas
toujours évident! ĞEn général, la
fibrillation s'accompagne de palpitations.
Mais il n'y a pas toujours
de signes typiques. Les patients
se sentent parfois simplement fatigués, ont mal à la poitrine, une
sensation de tête légère... Dans
30% des cas, ils sont même totalement
asymptomatiquesğ, poursuit
le Pr Scavée. ĞOn peut donc facilement
passer à côté du diagnostic.
Ce qui explique pourquoi il n'est
pas rare qu'une fibrillation auriculaire
reste méconnue.ğ
Pour poser le diagnostic, un
électrocardiogramme, un enregistrement
de l'activité électrique
du coeur, est nécessaire. Mais une
simple prise du pouls au niveau
du poignet peut vous mettre la
puce à l'oreille. S'il est irrégulier
et supérieur à 100 battements à
la minute, il vaut mieux prendre
contact avec votre médecin.
Un traitement
sur mesure
La première étape de la prise en
charge? Limiter le risque d'accident
vasculaire cérébral (AVC). Si
le patient est à risque, un traitement
anticoagulant lui est généralement
prescrit pour dissoudre
d'éventuels caillots sanguins.
La stratégie thérapeutique adoptée
dépend ensuite de chaque
patient. Ğ Chez certaines personnes
très âgées, à partir de
80 ans en général, nous n'essayons
pas de rétablir un rythme
normal. Nous nous contentons
d'éviter que le coeur ne batte trop
vite ğ, ajoute le Pr Scavée. Ğ Pour
d'autres patients pour qui un
retour à la normale est par contre
envisageable, nous essayons
de rétablir un rythme cardiaque
régulier grâce à des médicaments
anti-arythmiques, voire dans
certains cas une intervention de
microchirurgie.ğ
Une solution
chirurgicale
Saint-Luc est l'un des premiers
centres en Belgique à
avoir réalisé de telles interventions
chirurgicales. En quoi
consistent-elles? Ğ La fibrillation
est généralement provoquée par
des impulsions électriques anormales
qui viennent des veines qui
apportent le sang vers l'oreillette
gauche ğ, explique le Pr Scavée.
Ğ L'intervention consiste donc à
cautériser (brûler) à l'aide d'une
sonde le pourtour de ces veines.
La cicatrice qui en résulte forme
un barrage et empêche ces
impulsions électriques anormales
d'arriver jusqu'au coeur
et d'en perturber le rythme.ğ
Cette intervention n'est réservée
qu'aux cas les plus sensibles
mais permet en dernier recours
aux coeurs défaillants de battre à
nouveau la mesure.
Des durées fréquentes
La durée de la fibrillation
auriculaire varie d'une
personne à l'autre. Le
phénomène peut durer
quelques heures, quelques
jours ou être permanent.
Elle peut être:
o paroxystique (elle disparaît
spontanément en moins de
48 heures);
o persistante (elle dure plus
de sept jours);
o permanente (plus d'un an).
Bon à savoir
Le premier facteur de risque de fibrillation auriculaire? L'âge. Cette forme d'arythmie touche 1% de la population générale mais presque 10% des plus de 75 ans. Autres facteurs de risque:o l'hypertension artérielle,
o les apnées du sommeil,
o le diabète,
o les antécédents de maladie cardiaque,
o etc.
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Article rédigé par Thomas Coucq, extrait du Saint-Luc Magazine n°28