Dermatologie : du rare au rarissime
Dermatologie : du rare au rarissime
Certaines maladies rares de la peau nécessitent un suivi multidisciplinaire. A Saint-Luc, un centre spécialisé a vu le jour en 2015 : le Centre des maladies neurocutanées congénitales (CMNCC). Objectif : faciliter la vie des patients et coordonner au mieux les traitements.
La dermatologie se concentre sur les maladies
de la peau et des muqueuses. Dans un hôpital
universitaire, cette spécialité médicale ne se limite pas aux
problèmes d'acné ou aux cancers
cutanés. Certaines personnes
souffrent de maladies rares de la
peau, c'est-à-dire qui touchent
moins d'une personne sur 2.000.
La plus célèbre d'entre elles est
le xeroderma pigmentosum dont
les patients sont surnommés les
Ğenfants de la luneğ.
À cause d'une mutation génétique,
ces derniers ne peuvent
pas être exposés aux rayons
UV, même par temps couvert.
Ils doivent constamment porter
des combinaisons de protection
quand ils vont à l'extérieur, sous
peine de développer, très tôt, des
cancers de la peau. Deux des trois enfants qui
en sont atteints en Belgique sont
suivis à Saint-Luc.
Les plus fréquentes
Toutes pathologies confondues,
plus de 200 patients sont suivis au
Centre des maladies neurocutanées
congénitales (CMNCC) de Saint-Luc.
La majorité est atteinte de l'une des
quatre maladies suivantes:
o la sclérose tubéreuse de Bourneville
est une maladie génétique
qui concerne une centaine
de patients au CMNCC. Elle se
caractérise par la formation de
tumeurs (bénignes) dans différents
organes: peau, cerveau,
rein, etc.;
o la neurofibromatose de type 1
(une cinquantaine de patients à
Saint-Luc) se manifeste principalement
par des taches café au lait
sur la peau et des neurofibromes
(tumeurs localisées le long des
nerfs);
o les nĉvus géants (voir article p 13);
o les ichtyoses sont un ensemble de
maladies génétiques où la peau
présente un aspect anormal, en
Ğécailles de serpentğ.
La peau... et le reste !
En effet, ces pathologies sont souvent
multisystémiques. Outre une
atteinte de la peau, elles peuvent
affecter d'autres organes. Ğ Le
suivi fait donc intervenir plusieurs
médecins spécialistes: les dermatologues,
bien sûr, mais aussi,
selon la maladie, des neurologues
et neuropédiatres, des néphrologues
et néphropédiatres, des
généticiens, des ophtalmologues,
des pneumologues, des chirurgiens
plastiques ou orthopédiques, etc.
Certains petits patients doivent également
être suivis par un kinésithérapeute
et/ou par un logopède, car
certaines maladies provoquent des
atteintes de la motricité fine et/ou
des troubles de l'apprentissage. Or,
une prise en charge précoce peut
vraiment faire la différence ! ğ
C'est pour faciliter la vie des
patients et de leur famille et leur
éviter de multiplies visites à l'hôpital
que le CMNCC a été mis sur
pied(*). Ğ Il s'agit d'abord de concentrer
les différentes consultations
sur la même demi-journée. Ensuite,
les médecins discutent de chaque
cas en réunion multidisciplinaire. ğ
Ce qui garantit aux patients à la fois
une prise en charge globale et un
suivi personnalisé.
Bon à savoir
Outre le CMNCC, le Service de dermatologie de Saint-Luc compte plusieurs centres et consultations spécialisés:
o la dermatologie générale,
o la dermato-pédiatrie,
o la clinique du mélanome,
o les tumeurs non-mélanomes,
o la dermato-allergologie et
immunologie,
o l'école de l'atopie.
Un nouveau traitement ?
L'avantage d'être suivi dans un hôpital universitaire, c'est que l'on
peut parfois y bénéficier de traitements innovants. C'est le cas de la
sclérose tubéreuse de Bourneville (STB). ĞAuparavant, nous n'avions
que des traitements symptomatiques à proposer aux patients
qui souffrent de tumeurs internes en croissance (rein, cerveau,
poumons) et/ou de lésions de la peauğ, explique le Dr Dekeuleneer.
ĞMais récemment, on a découvert qu'une catégorie de molécules, les inhibiteurs mTOR, pouvaient les réduire significativement!ğ
À l'origine, il s'agit d'un immunosuppresseur prescrit après une greffe. Désormais, environ 25 patients atteints de STB et suivis à Saint-Luc bénéficient de ce traitement par voie orale ou topique
(locale).
(*) Le CMNCC fait également partie de l'Institut des maladies rares
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Article rédigé par Candice Leblanc, Extrait du Saint-Luc Magazine n°36 (décembre 2015 - janvier & février 2016)