Maltraitance d'un enfant : le chemin vers la guérison
Maltraitance d'un enfant : le chemin vers la guérison
En 2015, 519 personnes ont signalé une situation de maltraitance infantile à l'Unité SOS Enfants de Saint-Luc. Cette équipe multidisciplinaire oeuvre à reconstruire un cadre de vie sécurisant pour un mineur maltraité.Depuis quelques mois, le caractère d'Axel, 8 ans, a sensiblement changé. Lui qui était d'humeur joviale est désormais très discret et renfermé sur lui-même. Un jour, dans les vestiaires, son professeur d'éducation physique remarque de nombreux hématomes sur son corps. En tant que professionnel de première ligne, il a la responsabilité de signaler ces blessures qui l'interpellent.
Qui prévenir ?
Ğ Plusieurs voies sont possibles, en fonction, entre autres, du degré d'urgence ğ,
explique le Pr Emmanuel de
Becker, pédopsychiatre et chef de
l'unité SOS Enfants. Ğ Le témoin peut
commencer par contacter l'une des
14 équipes intra- ou extrahospitalières
SOS Enfants qui, en Fédération
Wallonie-Bruxelles, assurent la prévention et le traitement
des situations de maltraitance. À
Saint-Luc, il y a une permanence
téléphonique - 02 764 20 89 - tous
les jours de 14h à 15h. Des professionnels
répondent aux questions
de tout un chacun et donnent des
conseils sur la marche à suivre.ğ
À cet égard, SOS Enfants est un
lieu de parole et de soins qui se
situe hors du cadre judiciaire (voir
encadré). Ce service gratuit, qui
ne travaille pas dans l'anonymat,
permet de gérer des tensions
sociales ou familiales sans en
référer au Parquet ou au Service
d'Aide à la Jeunesse.
Différentes formes
de maltraitance
Ğ Il existe plusieurs formes de
maltraitance ğ, poursuit le pédopsychiatre.
Ğ La maltraitance
physique (coups, brûlures intentionnelles,
etc.), les abus sexuels,
la maltraitance psychologique
(humiliations, menaces, etc.) ou
encore la négligence. Dans ce dernier
cas, les besoins premiers de
l'enfant (alimentaires, vestimentaires,
etc.) ne sont pas respectés,
et son développement physique et
psychologique est compromis. ğ Après analyse du degré d'urgence
de la situation, dans les 2 ou
3 jours qui suivent le signalement,
un assistant social de SOS
Enfants rencontre Axel et ses
parents ou ses tuteurs légaux.
Ğ À l'exception d'une situation
d'urgence, nous ne pouvons
pas engager de soins sans
l'accord des parents ğ,
explique le Pr de Becker.
Ğ Nous travaillons donc
en respectant l'autorité
parentale et le cadre légal(*).ğ Cette première rencontre
permet de se faire une
idée globale du problème
avant l'évaluation
diagnostique à
proprement dit.
Une équipe
multidisciplinaire
L'unité SOS Enfants du Service
de psychiatrie infanto-juvénile de
Saint-Luc se compose de trois
assistants sociaux, quatre psychologues,
une juriste, un pédopsychiatre
et une pédiatre. Dès
que les parents ont marqué leur
accord, l'équipe se mobilise pour
d'abord réaliser le bilan le plus
complet possible de la situation
de l'enfant, tant au niveau médical
que social et psychologique.
Dans ce but, pendant plusieurs
semaines, chaque professionnel
de SOS Enfants rencontre Axel et
son entourage. Ğ À ce stade, nous
tentons de mettre en évidence ce
qui s'est passé et nous évaluons la
portée traumatique de la maltraitance
sur l'enfant ğ, commente le
Pr de Becker.
Sur base de ce diagnostic, l'équipe
propose ensuite un plan thérapeutique
qui peut s'étaler sur
plusieurs années. Ğ En cas de traumatisme
important, nous aidons
l'enfant à sortir du "gel psychique"
que provoquent souvent les actes
de maltraitance. L'objectif est de
"redémarrer le moteur" et d'aider
l'enfant à reprendre le cours d'une vie la plus normale possible.ğ
Comment ? Via une psychothérapie
et/ou un travail médico-psychosocial
approfondi avec l'enfant et
la famille.
Et après ?
Au cours de sa prise en charge,
Axel a été placé dans un Centre
d'Accueil d'Urgence, mais SOS
Enfants ne peut pas décider du
placement définitif de l'enfant.
Tout au plus l'équipe peut-elle
donner son avis et faire des
recommandations dans ce sens.
Ğ Ce n'est pas parce que les faits de
maltraitance cessent que l'impact
traumatique s'arrête pour autant ! ğ,
rappelle le Pr de Becker.
Ğ La portée d'un événement de
maltraitance peut perdurer... ğ
Le travail de SOS Enfants s'achève
lorsque l'enfant a un projet de vie
serein et lorsqu'il peut parler de
son traumatisme avec un certain
recul. Un chemin vers la guérison
qui peut être long, mais qui sera
suivi de près par chaque acteur de
SOS Enfants.
(*)Si les parents n'acceptent pas la rencontre, le témoin doit se référer au Parquet ou au Service d'Aide à la Jeunesse (SAJ).
Comment détecter une maltraitance ?
En Belgique, il n'y a pas d'obligation de judiciariser une situation de maltraitance d'enfant. Toutefois, dans deux cas, le recours à la justice est fortement conseillé:o en cas de danger grave et imminent pour l'enfant, le témoin doit contacter le Procureur du Roi (Parquet);
o en cas de non-collaboration de la part des parents, le témoin doit appeler le Service d'Aide à la Jeunesse.
Et la justice dans tout ça ?
En Belgique, il n'y a pas d'obligation de judiciariser une situation de maltraitance d'enfant. Toutefois, dans deux cas, le recours à la justice est fortement conseillé:o en cas de danger grave et imminent pour l'enfant, le témoin doit contacter le Procureur du Roi (Parquet);
o en cas de non-collaboration de la part des parents, le témoin doit appeler le Service d'Aide à la Jeunesse.
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Article rédigé par Lauranne Garitte, extrait du Saint-Luc Magazine numéro 40 (décembre 2016 - janvier et février 2017).
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En 2015, 519 personnes ont signalé une situation de maltraitance infantile à l'Unité SOS Enfants de Saint-Luc. Cette équipe multidisciplinaire oeuvre à reconstruire un cadre de vie sécurisant pour un mineur maltraité