Je fais passer des scanners
"Je fais passer des scanners"
Vincent Poty est technologue en imagerie médicale, spécialisé en CT-scanner. Il est chargé d'accueillir les patients, de les installer et de leur faire passer leur examen.
13h55 : le patient arrive
Simon arrive à jeun au secrétariat de
Radiologie avec une demande d'examen
de son médecin. La secrétaire
examine le document pour savoir
quels organes ou tissus doivent
être scannés et si Simon doit être
Ğpréparéğ, c'est-à-dire absorber un
produit de contraste avant l'examen
proprement dit.
14h : santé !
Comme Simon doit passer un scanner
abdominal, il doit d'abord boire 500 ml
d'eau contenant un peu d'iode. L'iode
permet d'accentuer les contrastes
et, donc, de différencier des organes
ou des types de tissus (une tumeur
et du tissu sain, par exemple). Entre
ses deux verres de solution au goût
légèrement anisé, Simon remplit le
questionnaire de contre-indications.
14h45 : Checker les contre-indications
Une demi-heure plus tard, Vincent Poty, technologue à Saint-Luc, vient chercher
Simon en salle d'attente. Il l'invite à se déshabiller dans une cabine. Il ne
doit pas forcément être tout nu pour aller dans la machine, mais il doit enlever
ce qui contient des éléments métalliques (bijoux, tirettes, baleines de soutien gorge
pour les patientes, etc.).
Pendant ce temps, le technologue vérifie le questionnaire des contre-indications.
Ğ Les principales sont la prise récente d'un médicament antidiabétique ou encore une allergie à l'iode, ainsi qu'une grossesse pour les patientes ğ,
explique-t-il. Ğ Comme les produits de contraste s'éliminent par voie urinaire,
tout problème d'insuffisance rénale doit aussi être signalé. ğ
14h55 : Installation du patient
Dans le cas de Simon, pas de souci: il peut passer son CT-Scan ! Vincent l'aide à s'installer sur la table d'examen et met en place la perfusion, un cathéter (tuyau) connecté à l'injecteur de produit de contraste. Il arrive que le technologue doive rester auprès du patient pendant l'examen - s'il est trop stressé, par exemple.
Vincent doit alors porter un gilet de plomb pour se protéger des rayons X. Mais en règle générale, il regagne la cabine de contrôle. Dans le nouveau local qui accueille le scanner le plus récent de Saint-Luc, il est possible de choisir et de régler les lumières. Objectif: apaiser le patient.
15h00 : Les réglages
Après vérification et validation de la
demande d'examen par le radiologue et
avant le lancement du scanner proprement
dit, le technologue doit effectuer différents
réglages. Il commence par prendre un
topogramme, une vue d'ensemble des
structures anatomiques que le médecin
de Simon désire étudier. Ensuite, le
technologue positionne correctement la
box du scanner. Ğ C'est un peu comme
cadrer une image avant de la prendre en
photo ğ, explique-t-il. Enfin, il programme
sur l'ordinateur les images qui doivent être
prises. Qu'est-ce que le médecin de Simon
veut voir ? Des vaisseaux sanguins ou des
organes ? En fonction de la demande, les
paramètres ne sont pas les mêmes !
15h05 : À chaque phase son délai
Quand tout est prêt, Vincent lance le
scanner. L'appareil commence ses Ğ acquisitions ğ (ses Ğ clichés ğ) quelques secondes après le début de la perfusion. En effet, à partir de ce moment-là, tout va très vite ! Une fois injecté, le produit de contraste va diffuser partout dans le corps. En fonction du délai, le CT-scanner va ainsi pouvoir saisir trois types de structures. Ğ La première phase est dite vasculaire, car, en quelques secondes, le produit de contraste se
propage dans l'ensemble des vaisseaux sanguins ğ, explique Vincent. Ğ Au bout d'une minute, le produit gagne les organes abdominaux :
c'est la phase portale. Cinq à dix minutes après l'injection, lors de la phase dite tardive, le produit arrive dans les organes urinaires.
Il finit son "voyage" dans la vessie, dernière étape de son passage dans le corps avant évacuation par les voies naturelles.ğ
15h05 : Reconstruction des images
Ğ Ça fait un bruit de machine à laver ! ğ, commente Simon qui s'attendait
à plus bruyant et à plus long : une dizaine de minutes après l'injection, l'examen est déjà fini. Pourtant, Vincent ne le Ğ libère ğ pas tout de suite : il faut d'abord vérifier que la machine a acquis toutes les données nécessaires.
Le technologue a lancé la reconstruction d'image. En moins de deux minutes, le logiciel du CT-scanner transforme les données récoltées
pendant l'examen en images à trois dimensions. Ce qui permet de Ğ naviguer ğ dans tous les plans de l'espace et d'examiner les tissus ou organes
scannés sous toutes les coutures.
15h18 : Des fichiers très lourds
Vincent transmet les images reconstruites du CT-scanner au radiologue via PACS, un puissant réseau informatique qui les stockera pendant dix
ans. Ğ Chaque examen "pèse" de 1 à 1,5 Go. C'est énorme ! Sachant que nous en effectuons une centaine par jour, il nous faut donc beaucoup de
mémoire informatique pour les conserver.ğ
15h20 : Tout est O.K. ?
Le radiologue vérifie que les images obtenues correspondent à la demande du médecin de Simon et qu'elles répondent aux normes de qualité diagnostique. Il cherche aussi d'éventuelles anomalies. Ğ Le CT-scan permet notamment de voir une embolie, une hémorragie interne ou encore une occlusion ğ, explique Vincent. Ğ Autant d'urgences médicales qui doivent être immédiatement prises en charge ! ğ Rien de tel à signaler dans ce cas-ci. Le radiologue donne son feu vert et Vincent va Ğ dépiquer ğ Simon qui peut aller se rhabiller. Ğ Veillez à boire suffisamment d'eau dans les heures qui viennent ğ, lui recommande le technologue avant de le quitter. Ğ Cela facilitera l'évacuation du produit de contraste qui devrait être complètement éliminé de l'organisme dans les 24 heures. ğ
15h25 : Retour à
l'Ğ expéditeur ğ
Quand le radiologue a validé
l'examen d'imagerie médicale,
Vincent l'enregistre dans
le système informatique de
Saint-Luc pour que le personnel
médical y ait accès. Si le
médecin qui a demandé l'examen
est extérieur à l'hôpital,
les images sont gravées
sur un CD-ROM et lui sont
envoyées par la poste.
Un métier passionnant et très demandé
Vincent Poty a obtenu son diplôme de technologue en 2004, à l'Institut Paul Lambin (UCL) où il enseigne désormais. Ğ Ce qui m'a attiré à l'époque, c'est l'aspect à la fois technologique et humain de ce métier ğ, explique-t-il. Ğ Grâce aux progrès constants de l'informatique, les appareils et logiciels d'imagerie médicale évoluent très vite. Nous allons régulièrement nous former dans des colloques ou chez les fabricants. De plus, il y a ce contact précieux avec, d'une part, le patient et, d'autre part, le médecin radiologue. Le technologue fait le lien entre les deux.ğPeu connu, le métier de technologue est très prisé par les hôpitaux. Et pour cause: l'année dernière, une demi-douzaine de technologues seulement sont sortis diplômés de l'Institut Paul Lambin, l'une des deux écoles à proposer cette formation en Belgique francophone.