La douleur : en parler, la comprendre, la traiter
La douleur : en parler, la comprendre, la traiter
À l'occasion de la journée mondiale de la lutte contre la douleur du 16 octobre, l'UCL et les Cliniques universitaires Saint-Luc ont fait le point sur des initiatives de recherche et d'enseignement, mais aussi de service à la société autour de la cette thématique. En matière de recherche, du laboratoire jusqu'au chevet du patient, l'objectif est de mieux comprendre et appréhender la douleur et ses mécanismes en vue de la traiter.
Ğ J'ai mal tout le temps... ğ La douleur chronique : diffuser les bons messages auprès du public, des patients et des soignants
La douleur chronique concerne un adulte sur cinq en Belgique et constitue à ce titre un véritable problème de santé publique. Définie comme 'chronique' lorsqu'elle dure au moins depuis 6 mois malgré un traitement adéquat, la douleur chronique a des répercussions physiques, émotionnelles, sociales, professionnelles, etc. Elle nécessite une prise en charge très spécifique. L'intérêt autour de la douleur chronique en tant que problème de santé reste relativement récent dans l'histoire de la médecine et les autorités publiques commencent à s'intéresser à ses problématiques. Il est primordial de diffuser des messages clairs sur cette pathologie vis-à-vis du grand-public, des patients mais aussi des soignants. Anne Berquin, professeure UCL et coordonnatrice du Centre de la douleur chronique des Cliniques universitaires Saint-Luc, y contribue, puisqu'elle forme les futurs médecins de l'UCL à la prise en charge adéquate de la douleur, et publie des livres à destination des soignants et des patients visant à mieux comprendre cette problématique.
Un cours à l'UCL
Depuis l'année académique 2016-2017, la Faculté de médecine et médecine dentaire de l'UCL a intégré au sein de son programme de formation un tout nouveau cours consacré à la douleur s'adressant aux élèves du deuxième bloc de master en médecine. Le cours de 15 heures, donné simultanément par le Pr Anne Berquin et le Dr Bernard le Polain de Waroux (anesthésiste aux Cliniques universitaires Saint-Luc) a pour objectif de former les étudiants et futurs médecins à une prise en charge spécifique de la douleur, qui implique notamment un volet de compréhension de la détresse qui peut en découler chez les patients. Dans un contexte de diminution du volume d'enseignement, la création de ce cours traduit toute l'importance donnée par la Faculté de médecine et médecine dentaire de l'UCL à cette problématique et sa prise en charge adéquate par le corps soignant. Cela traduit aussi une attention particulière de l'UCL à faire évoluer ses programmes de formation vis-à-vis des besoins de la société.
En 2016, le Pr Anne Berquin et Jacques Grisart, psychologue au Centre multidisciplinaire de la douleur chronique, ont publié le livre Les défis de la douleur chronique aux Editions Mardaga, à destination du corps médical. On y découvre l'histoire d'un patient atteint de douleur chronique à partir de sa toute première consultation. Et c'est là toute l'originalité du livre : aborder les différentes notions théoriques à partir de la rencontre avec le patient. Les différentes dimensions de la douleur chronique (psychologique, somatique, pharmocologique, etc.) sont abordées afin de rendre compte de la complexité de la pathologie. Dans le livre, les auteurs insistent sur l'importance de s'ouvrir au vécu du patient et de l'humilité du soignant, qui doit apprendre à gérer ses propres limites face à la douleur chronique. S'adressant cette fois aux patients atteints de douleurs chroniques, Anne Berquin et Jacques Grisart ont sorti cette année le livre La douleur ne me lâche pas aux Editions Mardaga également. Plus grand public que leur ouvrage précédent, le livre explique comment une douleur chronique s'installe, les perturbations qu'elle entraine au quotidien, et délivre des Ğ trucs et astuces ğ pour les surmonter et ainsi retrouver du sens et du plaisir pour les patients.
Des projets de recherche pour améliorer le contrôle de la douleur post-opératoire
La douleur post-opératoire est une expérience déplaisante tant au niveau physique qu'émotionnel. Liée à la procédure chirurgicale, cette douleur sera plus ou moins importante en fonction du type de chirurgie et de l'individu (certains patients semblent prédisposés à des douleurs importantes et persistantes). On estime que 30% des patients opérés présentent des douleurs sévères dans les 24 heures après leur opération. Un patient sur dix souffrira de douleurs au-delà de trois mois et une personne sur cent présentera des douleurs prolongées sévères, c'est-à-dire qui auront un impact considérable sur sa qualité de vie (sommeil, activité professionnelle, vie sociale...).
Référente pour la douleur chronique post-opératoire et post-traumatismes, le Pr Patricia Lavand'homme, chercheure clinique à l'UCL (Institute of NeuroSciences) et aux Cliniques universitaires Saint-Luc, participe à aux actions de l'International Association for the Study of Pain ainsi qu'à deux projets de recherche multicentriques.
Ğ The year against pain after surgery ğ
L'International Association for the Study of Pain (IASP) a fait de l'année 2017 Ğ the year against pain after surgery ğ avec de nombreux événements disséminés tout au long de l'année. Via diverses actions, et notamment en collaboration avec l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l'IASP sensibilise à l'inclusion d'une nomenclature sur les douleurs chroniques post-chirurgie et post-traumatismes dans la nouvelle classification internationale des maladies (ICD-11). Référente pour la douleur chronique post-opératoire et post-traumatismes, Le Pr Patricia Lavand'homme participe à différents projets dans ce cadre.
Un monitoring pour mesurer l'intensité de la douleur
Actuellement, le Pr Lavand'homme travaille sur un projet de recherche avec un nouveau prototype de monitoring (Nociceptive level index). Le but est d'analyser les influx nociceptifs qui atteignent le système nerveux central pendant une intervention chirurgicale et de corréler les résultats avec l'intensité de la douleur aiguë post-opératoire ainsi que le risque de développer des douleurs persistantes par après.
Un autre projet multicentrique européen devrait permettre d'établir un score de risque d'intensité et de persistance des douleurs post-opératoires dans le but d'améliorer la prise en charge périopératoire de ces patients et de leur procurer un traitement plus adapté.